Le développement du paysagisme est un des aspects caractéristiques de l'art XIXe siècle. Millet, comme beaucoup de ses contemporains français peignit des paysages dans l'esprit du naturalisme et s'éleva contre les conceptions académiques et traditionnelles de David et de ses successeurs. Il sut représenter les paysans dans leur vie quotidienne et leurs travaux des champs, avec une intuition et une compréhension que n'avait montrées jusqu'ici aucun autre peintre. Millet qui avait lui-même labouré la terre sut rendre la vie campagnarde avec un réalisme sincère, mais aussi avec un très grand respect de la condition humaine. Pour lui les paysans ne faisaient qu'un avec la nature au milieu de laquelle ils s'acquittaient de leurs tâches comme d'un devoir religieux. Cet élément sacré dans l'œuvre de Millet devait plus tard influencer profondément Van Gogh, qui s'identifia aux laboureurs solitaires et reprit des sujets analogues dans son œuvre propre.
Le chef-d'œuvre de Millet, Des Glaneuses fut fortement attaqué car on croyait voir en lui l'expression de protestations politiques et d'aspirations socialistes. Théodore Rousseau, qui appartenait également à l'école de Barbizon, se mit résolument de son côté, et favorisa même par la suite sa carrière. Millet ne voulait nullement provoquer un bouleversement politique, mais par contre ses Glaneuses produisirent une révolution sur le plan artistique. Le sujet même, les gestes symboliques des personnages et l'atmosphère très significative du calme paysage, comme ne l'avait rendue aucun peintre avant lui, devaient par la suite ouvrir à l'art des voies nouvelles.
Jean-François Millet naquit en 1814 en Normandie, près de Cherbourg. Il était de souche paysanne et travailla enfant dans les champs paternels. Il commença ses études artistiques tout d'abord chez un peintre de Cherbourg, et lorsqu'en 1837 le conseil municipal lui eut accordé une bourse, il se rendit à Paris, où il étudia chez Paul Delaroche, puis il s'inscrivit à l'École des Beaux-Arts. Les méthodes d'enseignement académique se révélèrent trop rigides pour le tempérament artistique de Millet ; c'est pourquoi il interrompit ses études pour se consacrer à la peinture de portraits, d'idylles champêtres, de scènes amoureuses, ainsi que de décorations dans le style rococo.
Sous l'influence de Daumier, il se tourna vers d'autres sujets et exposa en 1848 Le Batteur de blé, son premier tableau à thème paysan, qui lui valut aussitôt la réputation de vouloir faire à travers sa peinture de la propagande socialiste.
En 1849, il s'installa à Barbizon, près de Fontainebleau, où il peignit pendant vingt-deux ans des paysages et des scènes rustiques, qui avaient pour thème la vie des paysans. En 1870, durant la guerre contre la Prusse, il revint à Cherbourg où il fit quelques marines. Le gouvernement français le chargea de l'exécution d'une série de peintures décoratives : Les quatre saisons, qui étaient destinées au Panthéon. Millet exécuta les esquisses, mais mourut en 1875, avant d'avoir pu s'attaquer à la réalisation de ces tableaux.